Nosy-Bé
Du 13 au 21 janvier 2004
Madagascar, la "Grande Île", dont l'histoire est intimement liée à celle de la Réunion et dont les paysages, la flore et la faune sont réputés pour leur caractère exceptionnel, unique au monde, exerce naturellement un attrait particulier pour qui ne la connaît pas encore, et donne à celui qui y a posé le pied un regard empreint de nostalgie et de fascination lorsqu'il l'évoque.

A la découverte de Madagascar
A la fin de l'année 2003, alors que nous faisions part à notre entourage de notre désir de découvrir cette terre mystérieuse, Richard et Murielle nous confiaient partager cette envie et nous décidions d'y organiser un séjour avec les enfants. Myriam nous déclarait à son tour qu'elle était tentée par l'aventure, puis, après quelques hésitations, Ivrin se laissait convaincre à son tour.
C'est donc à onze que nous décidâmes d'entreprendre ce voyage vers l'île du "Mora Mora", le pays de la douceur de vivre, de la lenteur et de la convivialité.
Restait à déterminer dans quelle région de cette île aussi vaste que la France nous irions. C'est sur "l'île aux parfums", c'est à dire Nosy Be, que nous décidions de nous rendre.
C'est donc ainsi que, ce mardi 13 janvier 2004, en compagnie de Murielle, Richard, Angélique & Emmanuelle, Laëtitia, Sandy & Alexandre, nous embarquons sur le vol Saint Denis - Nosy Be.
Après un peu plus de deux heures, nous effectuons une courte escale à Dzaoudzi, sur l'île de Mayotte, puis, après un nouveau saut de puce d'une heure, nous atterrissons à l'aéroport Fascene de Nosy Be.
Le dépaysement est immédiat et total : l'aérogare est un petit bâtiment rudimentaire, pas de tapis roulant pour récupérer les bagages, des contrôles douaniers et policiers succincts et effectués par des agents nonchalants, une chaleur moite qui vous saisit dès la sortie de l'avion ... pas de doute, nous nous sommes considérablement rapprochés du continent africain !
Après avoir échangé quelques euros pour des ariarys, nous sommes pris en charge par un employé de notre lieu de résidence : l'hôtel Orangea, et prenons la route.
[Ce n'est que depuis l'année dernière que la monnaie malgache a repris le nom qui était le sien avant 1896, date à laquelle le franc malgache lui fût substitué par le pouvoir colonial français, puis ce fût le franc CFA de Madagascar et des Comores, avant que n'arrive le Franc de Madagascar en 1960, lors de l'accession de Madagascar à l'indépendance.]
Il nous faut quasiment une heure pour traverser l'île et parvenir à destination, c'est à dire pour parcourir ... 25 km !
Il faut dire que les routes que nous empruntons sont plutôt des pistes de latérite avec les plaisirs associés : poussière rouge par temps sec, boue (rouge bien sûr) lorsqu'il pleut et les passages de tôle ondulée qui les agrémentent régulièrement.
Quant aux véhicules que nous croisons, ils nous donnent l'impression d'effectuer un retour dans le passé : les 404 et 504 bâchées sont nombreuses, mais ici, la reine de la route est l'incontournable 4L, omniprésente.








L'ORANGEA
Nous sommes accueillis par nos hôtes : Dany, Yves et leur fils Swann. Ils nous conduisent à nos bungalows respectifs dans lesquels nous nous installons. L'Orangea est une petite structure familiale et nous serons les seuls pensionnaires durant notre séjour.
Les bâtiments : bungalows, bar, cuisine, restaurant, tous construits selon l'architecture typique locale, sont organisés autour de la piscine. L'hôtel est vraiment charmant et, ce qui ne gâte rien, donne directement sur une belle plage de sable blanc.
Nous vous invitons à revivre avec nous quelques uns des moments les plus marquants de notre séjour.
Une journée en catamaran autour de l'île de Sakatia
Par l'entremise de nos hôtes, nous louons un catamaran pour une journée de ballade en mer.
Grâce à notre skipper et à son équipier, certains d'entre nous goûtent aux plaisirs sportifs de la pêche au gros tandis que d'autres s'adonnent tout simplement au farniente ou découvrent les sensations procurées par la navigation à voile.
Parvenus à proximité du rivage de l'île de Sakatia (Nosy Sakatia) située à l'ouest de Nosy Be, nous pouvons nager et admirer les fonds sous-marins. En particulier, nous suivons quelques temps une tortue peu farouche.
Après avoir rencontré un pêcheur de langoustes qui nous a fait montré deux belles prises, nous déjeunons à bord, de poissons grillés, riz au coco et légumes frais, et terminons par un ananas découpé d'une façon bien astucieuse !








Ballade autour de Nosy Be
Nous consacrons une journée à découvrir Nosy Be par la seule route à peu près carrossable qui en fait le tour. Pour nous guider, nous nous adjoignons les services d'Angelo que Dany et Yves nous ont chaudement recommandé.
L’œil exercé d'Angelo lui permet de dénicher des endormis dans la végétation qui borde la route menant à Hell-Ville (Andoany en malgache), le chef lieu de l'île.
Nous découvrons ensuite les champs d'ylang-ylang, dont les fleurs, récoltées par les femmes, sont distillées localement et produisent une huile essentielle appréciée en parfumerie.
Nous traversons de petites bourgades dont l'habitat est très rudimentaire : les cases sont construites sur un bâti en bois qui soutient les cloisons de torchis. Le toit est généralement fait de chaume. Le ravenale (ravinala) est souvent utilisé dans la construction traditionnelle, de même que le sisal, l’aloès et la bouse de zébu . Plus rarement, nous avons l'occasion de croiser des maisons érigées en briques de terre crue, remarquables par la couleur rouge que leur confère la latérite.
Les villageois exercent des professions tout à fait inattendues telles que le concassage de rochers à la main, ou le comblement des (nombreux) nids de poule sur la route.
Nous déjeunons chez "Ernest", une gargote sur le bord de la route. Nous parvenons à apprécier le poisson et la langouste grillés qui nous sont servis, même si l'hygiène de l'établissement est très douteuse (Ernest s'est installé à une table voisine et, avec un coupe-chou et à sec, se rase devant un morceau de miroir ...).
Sur la côte nord de l'île, à l'hôtel Venta Club, nous faisons la rencontre d'une pensionnaire âgée de ... 150 ans ! il s'agit de Caroline, la tortue vedette de l'établissement. Celle-ci a la gentillesse d'accepter de faire quelques pas avec Alexandre juché sur sa carapace.
De retour à l'hôtel, certains se font masser pour se remettre des cahots de la route, tandis que d'autres confient leurs cheveux à d'adroites coiffeuses locales pour un résultat bluffant.
A la découverte de Nosy Tanikely et de sa réserve marine
Nosy Tanikely (l'île de la petite terre) est un ilôt réputé pour ses plages de sable blanc, situé à une vingtaine de minutes de bateau au Sud de Nosy Be. Entourée d'un récif coralien, l'île est réputée pour son eau turquoise, sa faune et sa flore sous-marines inestimables.
Il suffit d'un simple masque et d'un tuba, et, à quelques mètres de la plage, nous nous laissons captiver par les fonds coralliens fantastiques qui s'offrent à nos yeux. Les poissons de toutes les couleurs passent à quelques centimètres, sans s'émouvoir de notre présence.
Ceux qui sont restés sur la plage ont la merveilleuse surprise d'y découvrir un bébé tortue qui vient sûrement de sortir de son œuf. Après s'être prêté à l'inévitable séance photo, il parvient, avec un peu d'aide, à regagner la mer et s'éloigne rapidement vers le large.




Nous déjeunons sur la plage : grillades, légumes et fruits frais, agrémentés de l'inévitable THB (Three Horses Beer), la bière brassée à Madagascar depuis 1956, une véritable institution locale.
Deux importuns viennent pourtant troubler notre quiétude : tout d'abord, c'est un macacou, bien curieux, qui vient nous espionner depuis les frondaisons. Puis c'est au tour d'un caméléon "endormi" de s'approcher de nous. Il est vraiment magnifique et s'offre à nos regards pendant de très longues minutes avant de retourner se cacher dans la végétation.




Visite de la réserve de Lokobé
Occupant la partie Sud-Est de l'île de Nosy Be, la réserve intégrale de Lokobé n'est accessible que par la mer, ce qui la préserve de toute pollution.
C'est donc en pirogue que nous nous y rendons. Nous nous répartissons dans des pirogues à balancier qui évoquent celles en usage en Polynésie, et il nous faut environ une demi-heure d'effort dans la mangrove pour atteindre notre but.
Nous sommes accueillis dans un petit village dont les habitants vivent du produit de leur pêche, mais aussi du fruit de la vente des objets artisanaux qu'ils confectionnent. Il s'y trouve également un artisan spécialisé dans la fabrication traditionnelle de pirogues.
C'est un jeune homme du village, Armand, qui va nous guider pour une ballade au cœur de la forêt primaire. Sa profonde connaissance du milieu dans lequel il a grandi, conjuguée au savoir plus académique acquis lors de sa formation de guide, le rendent passionnant à écouter.
Quand il s'agit de dénicher un python caché dans la végétation, les talents d'observation d'Armand sont indispensables.
Ils sont également utiles pour repérer ces étranges lémuriens qui dorment, les yeux ouverts, dans les frondaisons. Et quand nous sommes assaillis par un groupe de macacous effrontés, sa présence s'avère rassurante. Armand déniche un boa caché dans les branches au-dessus du sentier, il s'en empare et, après quelques conseils, nous permet de manipuler l'animal qui semble moins inquiet que nous !
De retour au village, nous achetons quelques objets artisanaux et nous admirons le maquillage au "masonjoany" qu'arborent les jeunes femmes. Il s'agit d'un masque de beauté préparé à partir de bois de santal que les femmes, en particulier dans le nord du pays, s'appliquent sur le visage. De vrais œuvres d'art éphémères.
Il nous faut encore pagayer pour revenir à notre point de départ. Nos pirogues sont attendues par les enfants du villages qui, sur la plage, demandent aux "vazaha" que nous sommes des petits cadeaux. Ils se partagent les stylos, bonbons et biscuits que nous avons amenés à cet effet. Nous regagnons l'hôtel enchantés de cette magnifique journée.
Les derniers moments du séjour
C'est sûr, Alexandre se souviendra longtemps de ce séjour à Nosy Be. Et pour une bonne raison : c'est dans la piscine de l'hôtel, et encouragé par Richard, Murielle, Papou et Mamie, qu'il a appris à nager !
Comme les bonnes traditions ne doivent surtout pas se perdre, nous nous retrouvons chaque soir pour un moment convivial au bar de l'hôtel, histoire d'apprécier la fraîcheur de la soirée après une journée extrêmement chaude.
D'un côté, on retrouve les jeunes aux quels se joint régulièrement le fils de nos hôtes : Swann...
De l'autre, les moins jeunes qui apprécient les rhums concoctés par Yves.




Puis tout le monde se retrouve à table pour déguster les petits plats préparés par le cuisinier de l'hôtel : langoustes, poissons, zébu ... toujours un régal, et toujours de bien agréables moments partagés.
Cette fois-ci, les valises sont bouclées, nous avons pris congé d'Yves et Dany. Il ne nous reste plus qu'à attendre le minibus qui doit nous emmener à l'aéroport. Nous mettons à profit ce petit moment pour faire l'ultime photo devant l'hôtel dans lequel nous avons passé un si agréable séjour. Un souvenir qui vient s'ajouter à tous ceux que nous avons accumulés durant ces huit jours enchanteurs.